Le soutien scolaire des enfants : un engagement fort

Le soutien scolaire ou l’aide aux devoirs que nous apportons aux écoliers des classes du primaire, aux collégiens ou aux  lycéens va bien au-delà de l'aide à la lecture, à l’orthographe, à l'explication de texte ou aux opérations mathématiques  : additions, soustractions...

Cet accompagnement se conçoit bien souvent dans le partage avec les enfants de leurs soucis, de leurs questionnements sur beaucoup de sujets, de leurs joies, de leurs peines : comme de leurs disputes avec les camarades, de l’absence de la famille restée au loin.... Mais aussi, au-delà de tout cela, nous entendons les récits de leurs soirées "Pyjama", des plaisanteries faites avec les copains ou copines et qu’il faut absolument tenir au secret.

Cette  très riche expérience spontanément appelle patiente, écoute, confiance des bénévoles mais leur en apporte aussi tellement d'autres. Merci aux enfants et adolescents, jeunes et moins jeunes, qui occupent nos mercredis après-midi et au-delà dans les préparations de nos rencontres.

L’équipe de Romans a lancé l’an dernier lors de la rentrée scolaire un atelier d’aide aux devoirs. Très vite, nous avons eu les premières inscriptions. Nous nous sommes aperçus que durant le travail de leur enfant, les mamans attendaient dans notre local. Elles étaient donc disponibles. Nous leur avons proposé un soutien en français langue étrangère car la plupart d’entre elles sont d’origine étrangère et maitrisent très mal notre langue. Elles ont accepté avec plaisir.

Nous avons dû nous adapter car certaines personnes sont originaires  du Maghreb  et n’ont pas été scolarisées. Dans ce cas, le soutien relève plus de l’alphabétisation. D’autres viennent du Moyen-Orient, elles parlent turc, un peu espagnol, en fait, la langue des pays où elles se sont réfugiées, de plus durant leurs études elles ont appris des rudiments d’anglais. Les enfants les plus grands ont été scolarisés en Turquie et maitrisent bien le turc.

Ces mamans font preuve de bonne volonté et ont soif d’apprendre. Les manuels de français langue étrangère que nous utilisons sont très bien faits. Ils mettent les étudiants en contact avec des situations réelles de communication, exactement ce que rencontrent ces mères de famille dans leur vie quotidienne.

Elles ont fait d’énormes progrès. En ­6 mois l’une d’entre elles a pu acquérir le niveau DELF B2 (Diplôme d'Etudes en Langue Française niveau intermédiaire) et  s’inscrire à l’ANPE pour chercher un emploi. Par ailleurs, ces personnes suivent des cours de FLE dans le cadre de la maison de quartier soutenu par la municipalité de Romans.

Parfois les grandes sœurs accompagnent leur frère. C’est l’occasion d’établir des conversations car si elles maitrisent bien le turc, elles sont dans des classes spécialisées de FLE (Français Langue Etrangère) qui ne regroupent que des étrangers. Elles ont besoin d’approfondir et développer leur vocabulaire et de renforcer leur maitrise de la langue française.

Toutefois deux obstacles majeurs viennent freiner leur progression. D’une part elles consacrent énormément de temps à leurs familles, d’autre part elles vivent essentiellement en milieu arabophone.

Pour compléter le soutien en français, il faudrait leur aménager des contacts avec des personnes  françaises.  La pandémie a freiné nos activités mais nous devrions pouvoir proposer des moments de rencontre sous une forme qu’il nous reste à imaginer, création d’ateliers de conversation, participation aux activités que nous organisons.

En conclusion, l’aide aux devoirs si riche en échanges réciproques nous conduit à une réflexion beaucoup plus large sur la possibilité de faciliter l’intégration de ces mamans et de leur famille dans notre société.  La langue, l’apprentissage de ses différents niveaux et de ses codes est le premier passage obligé.